Histoire

Le premier établissement catholique bégarrois ouvrit ses portes peu de temps après l’arrivée des sœurs du Bon-Sauveur de Caen à Bégard, le 13 octobre 1857, alors que la congrégation venait de racheter ce qui restait de l’ancien monastère qui avait subi les outrages du temps durant la période révolutionnaire.

Ouverture de l’école en 1857

Le surlendemain de leur installation se présentait à leur porte une petite mendiante, Marie, qui fut bientôt suivie par d’autres, ce qui nécessita la création d’un orphelinat qui devait compter jusqu’à une quarantaine de pensionnaires quelques années plus tard.

L’école ouvrit ses portes sous la direction de mère Boscher ; fin novembre 1857, elle ne comptait que quelques élèves, mais à la fin de l’année scolaire elle en recevait déjà plus de trente (externes pour la plupart). Cependant, les premiers temps, les sœurs, originaires de Normandie, durent faire appel à des interprètes car elles ne comprenaient pas le breton, langue parlée par leurs élèves et leurs parents. La réputation de l’école dépassa rapidement les limites de la commune, et des pensionnaires originaires des communes avoisinante puis de Guingamp, Lannion et même Morlaix vinrent grossir les effectifs. C’est à l’occasion de l’arrivée de ces pensionnaires que la famille Riou eut l’occasion de rendre service à plusieurs reprises aux sœurs de la congrégation en transportant élèves et bagages entre Bégard et la gare de Guingamp, dans une voiture attelée.

Les jeunes filles de cette même famille furent parmi les premières à fréquenter l’école du Bon-Sauveur et voici la description qu’en fit l’une d’elles en cette fin de XIXe siècle : « C’était une petite pièce, dont le sol en terre battue n’était pas uni. Pas de table mais seulement quelques bancs sur lesquels il fallait se tenir bien sage pour ne pas faire la culbute. On y apprenait l’alphabet et le catéchisme en breton. Jusque là, quand les familles voulaient donner de l’instruction à leurs enfants, elles les envoyaient dans les villes voisines. »

En fait l’école ne différait guère des autres tant du point de vue matériel que de l’enseignement qu’on y dispensait. Les premières internes qui arrivèrent au pensionnat étaient issues de familles de notables de la région, mais également des départements limitrophes et l’école connut une période prospère jusqu’à l’instauration du « brevet » que les sœurs n’étaient pas habilitées à faire passer. Vinrent ensuite les « lois laïques » de Monsieur Combes interdisant aux congrégations d’enseigner. Les sœurs étant propriétaires des locaux, elle ne furent pas, comme tant d’autres, mises à la porte de l’école ; cependant celle-ci fut fermée à partir de 1901.

En 1907, mère Chapelain ouvrit un « juvénat » qui devint « ouvroir » en 1928. Les jeunes filles y recevaient un enseignement destiné à en faire de bonnes mères de famille.

L’école Saint-Yves prend le relais

C’est à partir de cette période que l’histoire de l’école du Bon-Sauveur et celle de Saint-Yves vont se trouver une première fois mêlées, et ce, jusqu’en 1932 ; les élèves recevant dans la première un enseignement de type technique, et dans la seconde, de type général.

Après de nombreuses démarches effectuées par mère Marchal, l’école du Bon-Sauveur put rouvrir le 1er octobre 1932. Au début de la Seconde Guerre mondiale, l’effectif s’accrut sensiblement avec l’arrivée des novices de la congrégation de Caen, venues se réfugier à Bégard.

Le 29 septembre 1942, s’ouvrit, en plus de l’école, un cours secondaire qui fut installé dans les bâtiments de l’abbatiale. Mais le 26 novembre 1943, dans la soirée, un incendie éclata, détruisant partiellement ces bâtiments. L’école ne reprit que le 3 janvier 1944.

A partir de 1950, l’organisation de l’établissement se compliqua quelque peu et ne reçut que des internes. Elles se répartirent entre le juvénat qui conduisait certaines jeunes au noviciat, puis à l’entrée dans les ordres, et le pensionnat. Mais toutes ces élèves suivaient les cours dispensés à l’école ou au cours ménager qui devint cours technique en 1952 avant de fermer ses portes en juillet 1953.

C’est à la rentrée de 1955, lorsque les sœurs de Broons, renonçant à leur activité d’enseignement, quittèrent Bégard, que l’école Anne Leroy reçut les élèves des deux établissements.

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Saint-Yves ferme

Le 1er septembre 1955 constitua un tournant décisif pour l’enseignement catholique bégarrois, les sœurs de Broons quittant la paroisse et laissant aux sœurs du Bon-Sauveur le soin d’accueillir leurs élèves.

A partir de cette date, l’école Anne-Leroy va connaître de nombreuses transformations, les bâtiments changeant fréquemment d’affectation.

Ainsi, l’actuel service Saint-Joseph de l’hôpital, abrita-t-il une partie de l’école, alors que les anciennes écuries, aménagées pour la circonstance, furent transformées en cours technique… la congrégation ayant toujours à cœur d’offrir aux élèves un enseignement de qualité en les faisant bénéficier d’installations modernes pour l’époque.

A partir de 1960, lorsque l’école secondaire obtint, non sans quelques difficultés (les classes offrant à leurs occupantes un volume d’air supérieur aux normes !!!) un contrat avec l’État, la séparation entre l’hôpital et l’école devint effective. Cependant, dans l’esprit de la population, les deux institutions restent étroitement liées de par leur proximité ainsi que par leur origine et la concomitance de leurs fondations.

En 1968, lors de la mise en place de la mixité, l’école Anne Leroy reçoit les élèves de maternelle ainsi qu’une partie de ceux du primaire et du collège. Toutefois cette organisation posait quelques problèmes, dont celui des nombreux déplacements entre Anne Leroy et Saint-Bernard.

C’est à partir de 1974 que l’école Anne Leroy cesse d’accueillir des classes de secondaire, mais il faudra attendre 1978 pour que les élèves de CM2 viennent rejoindre leurs camarades rue de l’Hôtel-de-ville.

Si, depuis cette date, l’organisation n’a plus été modifiée, il n’en va pas de même pour les locaux, en cours de réhabilitation en 1992.

La congrégation n’exerce plus de fonction d’enseignement ; elle poursuit l’œuvre de sa fondatrice à travers le soutien spirituel, moral et financier qu’elle apporte aux laïcs qui en ont dorénavant la charge.

Cette histoire de l’école Anne Leroy est extraite du livre « Bégard d’hier à aujourd’hui » disponible à la mairie.

BegardHierEtAujourdHui